Hans Koechling: un parcours spectaculaire et inspirant dans l’industrie de la mode

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Hans Koechling est le fondateur et le directeur création de The Image Is, une compagnie de production basée à Montréal spécialisée dans les défilés de mode et offrant des services de consultation. Avec plus de 20 ans d’expérience dans l’industrie, Hans a produit et dirigé des centaines de défilés pour certaines des marques et des designers les plus influents tels que Mikael D Couture, The Cashmere Collection, Chanel, Valentino, Dsquared2, Stephan Caras, The CAFA Awards, pour ne nommer que ceux-là. Hans Koechling est un visionnaire et un leader qui a aidé à façonner la mode québécoise grâce à ses événements glam innovateurs.

Fashion Beauty Runway: Vous êtes ancien mannequin. Pourquoi avez-vous décidé de continuer à travailler dans l’industrie de la mode?

Hans Koechling: Lorsque j’étais mannequin, j’étais vraiment fasciné par le travail derrière un défilé de mode. Comment tous ces différents éléments s’enchaînaient pour donner vie à la vision d’un designer. À l’époque, dans les années 90, un défilé de mode c’était très théâtral, et les mannequins étaient plus expressifs, un peu comme des acteurs sur le podium. Il fallait savoir bien défiler, retirer une veste, les gants. En travaillant dans les coulisses, j’ai été exposé à tout ça. J’ai compris comment fonctionnait cette industrie, comment le travail évoluait, et j’ai décidé de créer mon propre avenir en me faisant un nom en tant que producteur.

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FBR: Comment l’industrie a-t-elle changé au fil des ans?

HK: Lorsque les meilleurs mannequins de magazines ont commencé à être recrutés par les créateurs et les marques pour faire partie de leurs défilés, tout a changé. Les filles ont appris à marcher et sont devenues des stars des médias et des icônes de mode.

Dans le monde numérique actuel, où les défilés sont retransmis en direct sur toutes les plateformes de réseaux sociaux, on retourne à l’idée de présenter un groupe de mannequins très diversifié.

Malgré l’éclairage, les effets spéciaux et les décors très élaborés et parfois même théâtraux, ont revient aux filles qui savent très bien défiler, montrer le vêtement correctement et avoir « la gueule du métier ». On a 80 mannequins qui portent un seul look, au lieu d’avoir un mannequin montrer différents looks. Une armée de mannequins facilite aussi le travail des stylistes. Ça remplit le podium en moins de temps, et ça devient plus facile de filmer le défilé et présenter davantage de mannequins plus rapidement.

FBR: Qu’avez-vous découvert à travers votre travail que vous ne saviez pas sur l’industrie de la mode?

HK: La mode, c’est un business. C’est plus qu’une passion ou une question de look. J’ai appris que mon expérience dans ce domaine est importante et que je dois me faire payer lorsque je partage ces connaissances acquises en produisant des défilés. Le savoir-faire technique, en travaillant avec des designers, des marques et des mannequins, est quelque chose qui a de la valeur.

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FBR: Quelle a été votre production la plus réussie à ce jour? La plus difficile?

HK: J’ai réalisé de très nombreuses productions qui ont connu un énorme succès et m’ont amené ailleurs. J’ai toujours joué un rôle d’ambassadeur auprès des marques, un initié en quelque sorte, en ayant le privilège de voir ce qui se passe directement.

Mais l’exposition que j’ai organisée intitulée China Millenium, une rétrospective de l’influence de la Chine sur la mode de l’Antiquité à nos jours, a été inoubliable. Elle mettait en scène 36 mannequins et toute une équipe de production chinoise dans le cadre de la Mercedes Fashion Week de New York. Cet événement a été créé pour souligner l’influence du savoir-faire, de la confection et des tissus chinois sur les créateurs du monde entier.

Le plus difficile est de voyager pour monter un show ou présenter un designer. Pas très glam. On descend de l’avion et on n’arrête pas une seconde! On dispose de très peu de temps pour la préproduction. Bien sûr, ce qui est génial maintenant c’est qu’on a les plans techniques à l’avance, et quand on arrive on n’a qu’à mettre la touche finale.

FBR: Comment gérez-vous les attentes des clients?

HK: Dans toute production, il s’agit de gérer mes attentes et celles des autres. J’aime l’esprit de collaboration qui règne actuellement. Les entreprises et les marques veulent engager des équipes plus petites qui comprennent vraiment leur vision, et nous nous appuyons sur cela lorsque nous organisons un défilé de mode ou une expérience de marque. Je suis une personne très pragmatique et je travaille mieux avec de petites équipes, car je produis les défilés de A à Z. Je gère et supervise tous les aspects du défilé.

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FBR: À quoi ressemble cette pression?

HK: Quelquefois, la pression est une bonne chose! J’essaie de la transformer en énergie positive. Je visualise le résultat final – ce à quoi le défilé doit ressembler – et je m’aligne sur cette vision, puis je sais exactement comment je vais y parvenir.

J’ai une mémoire photographique et j’imagine chaque détail à l’avance. Je travaille également avec une équipe qui comprend ma vision, qui ressent presque intuitivement quelle doit être l’énergie du spectacle. On travaille très bien de cette façon. J’aime travailler avec les mêmes personnes parce qu’on a la même expérience et je n’ai donc pas besoin de tout expliquer en détail. On se comprend à un autre niveau.

FBR: Comment la pandémie a-t-elle changé l’industrie de la mode?

HK: Je pense que les gens recherchent de plus en plus la diversité au niveau des mannequins et des vêtements. La qualité est redevenue importante, et c’est très fort quand on observe l’industrie. Les gens ont moins d’argent à dépenser et les créateurs d’ici en souffrent. Il est important d’exporter sa marque vers d’autres marchés et d’autres niches, afin de cibler un autre type de clientèle. Sinon, c’est foutu. Depuis la pandémie, j’ai appris à me repositionner en tant que producteur d’événements mode.

Il faut être fort et s’appuyer sur ses années d’expérience et son talent professionnel pour naviguer dans ce nouveau monde, car il y a une cassure dans les rôles décisionnels et dans de nombreux aspects des relations de création.