Caroline Bernier : La productrice derrière « The Fashion Hero »

Creator Fashion - Caroline Bernier
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Caroline Bernier est originaire de Montréal, mais une brillante carrière en mode et beauté l’a dirigée vers une carrière internationale afin de produire, réaliser, chorégraphier et faire la promotion de centaines d’événements pour les plus grandes marques, de Victoria’s Secret à Miss Universe. Son dernier projet s’appelle The Fashion Hero : A New Kind of Beautiful, une émission de télé-réalité où tout le monde est bienvenu.

On a eu la chance de lui parler au téléphone pour en savoir plus sur la passion et la finesse qui guident cette dynamo pour créer des moments magiques et des événements à succès devant et derrière les caméras.

Fashion Beauty Runway: D’où vient cette passion pour la mode?

Caroline Bernier: Je viens d’une famille où la mode c’était pas vraiment important. C’est quelque chose que j’ai découvert toute seule. J’ai toujours été attirée par les belles choses, les vêtements bien faits.

Ma mère me donnait un petit budget pour mes vêtements, mais je m’arrangeais toujours pour m’acheter des choses qui étaient très mode. Je savais ce qui s’en venait en regardant ce que les boutiques les plus tendance présentaient. Et c’est ce que je voulais! J’allais pas à l’école avec mes petites chaussures normales; je me changeais avant de quitter la maison le matin.

FBR: Comment tout cela vous conduit à une carrière dans le show business?

CB: À l’école secondaire, j’ai commencé à organiser des défilés de mode. C’est alors que j’ai rencontré Tony Green, l’un des producteurs disco les plus renommés au Canada, avec qui j’ai sorti un single intitulé « Hold Me, Touch Me » en 1977. L’accueil a été absolument incroyable!

J’étais une jeune chanteuse, j’étais populaire et les gens voulaient que j’organise des événements. On me répétait sans cesse : «Tu as du talent pour ça.» J’ai donc animé des concours de beauté et d’autres compétitions. Je n’ai jamais pris de cours de danse, mais j’avais l’intuition de ce qui était beau sur scène. Encore une fois, c’était comme mon sens inné de la mode. Je sentais ce qui allait fonctionner.

FBR: Comment a débuté votre carrière aux États-Unis?

CB: C’est toujours une question d’être au bon endroit, au bon moment, et les choses prennent leur place. Au cours de ma carrière, j’ai toujours rencontré les bonnes personnes qui m’ont amenée ailleurs pour découvrir de nouveaux horizons et d’autres facettes de ma personnalité.

Je travaillais pour l’organisme Miss Univers lorsqu’il manquait un chorégraphe et on m’a demandé, sur le champ, de le remplacer. Comme j’avais vu et participé à de nombreuses compétitions, je me suis dit que ce serait assez facile. J’ai fini par travailler pour trois concours de Miss Univers à l’époque.

Cela m’a amenée à devenir productrice pour l’un des segments de « Star Search ». J’ai tout appris dans ma carrière en me fiant à mon instinct, à mon intuition.

Ensuite, on m’a demandé d’être directrice internationale du concours Miss Hawaiian Tropic International, et j’ai fait appel au designer québécois Jean Airoldi pour créer les maillots de bain et les vêtements des participantes. Je voulais que les tenues soient plus raffinées, avec des robes longues et de beaux cache-maillots.

Le concours Hawaiian Tropic était très populaire parce que toutes les filles pouvaient y participer. Même celles qui mesurent cinq pieds.

C’était une période de ma vie où je voyageais beaucoup pour participer à de nombreux concours de beauté et défilés de mode.

FBR: Quand avez-vous eu l’impression que l’industrie de la mode et de la beauté avaient des standards impossibles, et pourquoi avez-vous décidé de faire quelque chose à ce sujet?

CB: Quand j’organisais des concours, j’ai rencontré des femmes extraordinaires qui avaient des carrières impressionnantes. Certaines étaient comptables, avocates, actuaires. Elles voulaient devenir mannequins, mais étaient toujours rejetées parce qu’elles n’avaient pas «la taille mannequin».

Moi-même, lorsque j’étais chanteuse, j’ai participé à un casting pour des lunettes et on m’a dit que je n’étais pas assez grande. Alors que le produit n’était présenté que sur mes yeux! J’ai trouvé cela complètement absurde.

En tant que productrice, j’étais toujours sur scène à dire aux filles comment poser, comment marcher. Un jour, je suis allée dans les coulisses et j’ai vu que la plupart de ces filles-là étaient en train de mourir de faim et de soif. On les empêchait de boire de l’eau pour pas qu’elles paraissent gonflées. J’étais sous le choc!

J’ai donc commencé à faire de la contrebande de bananes, de pommes et d’eau pour aller backstage. Ces filles voulaient seulement plaire à tout le monde. Pourquoi taper sur la tête des gens et leur dire qu’il faut qu’ils soient d’une certaine manière?

J’ai commencé à réfléchir à ce qui se passait. Le monde entier voyait juste de belles filles, mais moi je voyais l’envers de la médaille.

Mon propre fils, Bruno Morisset, qui travaillait comme animateur sur Rythme FM, a beaucoup souffert de dysmorphie corporelle. Il a été malheureux toute sa vie.

Je voulais créer quelque chose de nouveau qui ferait une cassure avec tout ce qui, dans le domaine de la beauté, est inaccessible, irréaliste et malsain. Quelque chose où tout le monde se sentirait à l’aise. Passer du rejet au respect.

FBR: C’est de là qu’est venue l’idée de The Fashion Hero ?

CB: Exactement.

FBR: Parlez-nous un peu de The Fashion Hero. Qu’est-ce que c’est, et comment avez-vous lancé cet énorme projet ?

CB: J’ai créé The Fashion Hero en 2015. À l’époque, ça faisait 25 ans que je travaillais dans l’industrie de la beauté et de la mode, pour finalement réaliser que ces industries s’étaient lancées dans une folie marketing, dictant ce qu’une personne devrait porter et comment elle devrait être, aliénant une grande majorité de la population.

A New Kind of Beautiful présenté par The Fashion Hero est une série télévisée internationale qui fait tomber les barrières dans l’industrie de la beauté et de la mode en permettant aux gens d’avoir confiance en eux. C’est la première série de télé-réalité au monde mettant l’accent sur le lifestyle qui aide les participants à découvrir ce qui les rend uniques et leur offre une plateforme pour partager leur message avec le monde entier. L’émission célèbre la diversité et accueille toutes les tailles, formes, couleurs et ethnies.

On a produit la saison pilote en 2015, et Jason Rockman de CHOM était notre animateur. L’émission a fait ses débuts sur les réseaux américains la même année.

FBR: Vous êtes déjà à la troisième saison de The Fashion Hero. À quel point a-t-il été difficile de financer une émission de télé-réalité d’une telle ampleur, produite à l’échelle internationale ?

Creator Fashion - Caroline Bernier - AJ McLean
AJ McLean, animateur et coproducteur

CB: J’ai commencé par participer au Mipcom de Cannes, un énorme marché d’acheteurs pour la télévision et de nouvelles formules d’émissions. J’ai envoyé à peu près mille invitations pour visionner notre pilote et 15 personnes se sont présentées. Mais parfois tu as juste besoin d’une seule personne pour tout déclencher.

Pour la saison 2 c’est AJ McLean des Backstreet Boys, l’un des boys bands les plus populaires de l’histoire, qui a été notre animateur vedette. Son expérience et son authenticité font de lui le guide idéal pour nos candidats, car il connaît personnellement la pression de l’industrie. Alors quand les investisseurs voient une équipe solide et tissée serré comme la nôtre, ça les met en confiance.

FBR: Parlez-nous de ces investisseurs…

CB: Dans ma carrière, j’ai toujours eu la chance de connaître beaucoup de gens et de trouver les bons partenaires au bon moment. Quelqu’un m’a mis en contact avec Tommy Baltzis, le PDG de Whitehaven, un groupe d’investissement privé et indépendant de Montréal qui aime faire les choses différemment. J’imagine qu’ils ont été inspirés par ma passion et mon dynamisme, car l’un de leurs mantras est de remettre en question le statu quo.

FBR: Quel est l’avenir de The Fashion Hero ?

CB: On a fait une énorme annonce cette semaine! AJ McLean devient coproducteur avec moi. Il croit tellement en ce projet qu’il veut s’impliquer personnellement dans la promotion de la diversité, de l’inclusion et de la positivité corporelle dans l’industrie de la mode. C’était un projet immense lorsque j’ai pensé à ça il y a huit ans, et regarde où nous sommes rendus aujourd’hui.

FBR: C’est impressionnant, et vraiment très inspirant comme histoire. Nous sommes très heureux de montrer cette nouvelle vision de la mode à nos lecteurs. Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez accordé aujourd’hui, Caroline. Ce fut vraiment un très bel échange plein de profondeur!