La quête du T-shirt parfait

Fashion Beauty Runway - The Quest for the Perfect T-shirt
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Trouver le T-shirt idéal est aussi incertain que mettre la main sur une robe haute couture dans un marché aux puces. Difficile, mais pas impossible. Paradoxalement, plus le vêtement est simple, plus les détails deviennent importants.

Pour créer le T-shirt qui fait comme un gant, un gabarit quasi-magique est nécessaire. Il doit être en coton. Mais le coton égyptien est le meilleur (parmi d’autres, nous y reviendrons). Ensuite, ce sont les coutures. Les surpiqûres. Et la délicate question de la longueur de la manche et son ajustement. Doit-elle être légèrement ample, plus près du coude, ou très courte, que certaines trouvent plus sexy? Et le buste? Le T-shirt doit être près du corps, mais peut-être pas si serré que ça.

Enfin, il s’agit de questions essentielles pour un vêtement qui est surtout reconnu pour être un basique — mais qui ne l’est jamais vraiment quand on veut du style avant tout. Fashion Beauty Runway se penche cette semaine sur le T-shirt pour découvrir tout ce qu’il faut à son sujet.

De modestes débuts

Près de 2 milliards de T-shirts sont vendus chaque année dans le monde, ce qui en fait presque le vêtement le plus populaire de la planète. En moyenne, cela représente 2,66 unités par personne en Amérique du Nord. Pas si mal pour un vêtement qui, à l’origine, était porté comme sous-vêtement par des ouvriers, des soldats et des sportifs à la fin du XIXe siècle. À l’origine, le T-shirt était un vêtement d’une seule pièce à manches courtes, constituant une alternative efficace et confortable aux sous-vêtements traditionnels à manches longues de l’époque. Il s’est imposé par son côté pratique et l’aisance de mouvement procurée, surtout dans les climats chauds et humides.

Ce n’est qu’au début du XXe siècle que le T-shirt fait son apparition comme véritable vêtement. En 1913, la marine américaine adopte le T-shirt pour l’intégrer à son uniforme standard et propose l’appellation « T-shirt » en raison de sa forme ressemblant à la lettre « T ». Cette approbation militaire donne au vêtement un regain de popularité auprès des hommes, en particulier après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les anciens combattants continuent à le porter comme tenue décontractée.

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Et que ça saute!

Au milieu du XXe siècle, en particulier dans les années 1950 et 1960, le T-shirt vient à être associé à la rébellion et aux mouvements de la contre-culture.

Un changement majeur dans la perception du T-shirt se fait au cinéma, avec la performance de Marlon Brando dans le rôle du brutal Stanley Kowalski dans « Un tramway nommé désir » (1951). Une coupe ajustée et des manches roulées permettent de bien mettre en évidence le torse et les biceps bien musclés de Brando, ouvrant l’ère de la star masculine en tant qu’objet de désir. En tandem avec James Dean dans « Rebel Without A Cause”, cela a sans doute bousculé les stéréotypes et jeté les bases du T-shirt en tant que vêtement pour rebelles.
Une transformation de taille fait également suite dans les années 1960 avec l’émergence des T-shirts tie-dye, symbole de rébellion contre le conservatisme des générations précédentes, et misant sur des méthodes artisanales liés à la philosophie new age émergente. Sans parler des motifs formés par le tie-dye faisaient également écho aux effets des drogues psychédéliques.

Le T-shirt à imprimé, avec ses logos, slogans et messages politiques, est devenu un puissant moyen d’expression dans les années soixante-dix, reflétant les nombreux changements sociaux et culturels. Les punks lacéraient leurs T-shirts pour ensuite les rapiécer avec des épingles à nourrice et des badges. Ce changement, de concert avec les nombreuses prestations de groupes rock, ont davantage propulsé la popularité du T-shirt; les produits dérivés des tournées jouant un rôle de plus en plus important. Le T-shirt passe alors du simple vêtement à un élément crucial de l’identité, et un cri de ralliement silencieux pour afficher ses goûts musicaux et allégeances politiques.

L’essor du T-shirt mode

Dans les années 1990, le T-shirt continue d’évoluer sous l’oeil aiguisé des créateurs de mode, qui expérimentent avec différentes coupes, tissus et styles pour répondre à la diversité des goûts. Parallèlement à l’attrait des créateurs pour cette pièces pivot, on voit apparaître des T-shirts ultra-serrés et écourtés dans les raves (le fameux ‘baby-T).

James Perse est l’un des premiers labels à répondre au marché émergent des T-shirts haut de gamme, avec une collection mariant luxe et confort dans le plus pur style décontracté de Los Angeles. Au fil des ans, ces T-shirts sont devenus des classiques BCBG à fort prix. À titre d’exemple, le T-shirt en jersey Luxe Lotus pour homme, filé à partir d’un coton japonais lui donnant une texture douce et satinée, se vend actuellement 265 $.

À la fin des années 1990 les créateurs européens Helmut Lang et Ann Demeulemeester, régnaient sur les podiums et le « chic du jour » consistait à enfiler un tailleur-pantalon noir étroit associé à un T-shirt blanc immaculé.

Au début du millénaire, les jumelles Olsen ont mis fin à leur carrière d’actrices enfants pour se lancer en mode en créant la marque The Row – qui tire son nom de la célèbre rue Savile Row à Londres, destination internationale des costumes pour hommes sur mesure — et actuellement l’une des marques luxe américaines les plus en vue.

L’idée de cette griffe provient d’un projet personnel datant de 2005, lorsque Ashley Olsen s’est lancé le défi de créer le parfait T-shirt. Elle a testé ses prototypes sur nombre de femmes, tous âges et morphologies confondus, afin de trouver «le point commun dans la coupe et le style». La marque comprend aujourd’hui du prêt-à-porter, une collection croisière, des sacs à main, lunettes soleil et chaussures. Les t-shirts The Row demeurent une composante importante de la marque, et leur prix oscille entre 480 et 800 dollars. Peut-être pas pour aller au gym… À moins de faire partie des 10 pour cent.

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Qu’en est-il des T-shirts haut de gamme ?

Les T-shirts haut de gamme, qui sont dans une catégorie à part, se caractérisent par leur qualité exceptionnelle, leur fabrication impeccable et un grand souci du détail, ce qui les distingue des produits de masse à bas prix qui ont inondé le marché au cours des derniers 50 à 60 ans. Malheureusement, c’est ce que les consommateurs connaissent.

La fibre textile? Voici un autre détail de taille. Aucun T-shirt haut de gamme ne devrait contenir de polyester (un vrai crime!). Et rien n’égale le confort d’un T-shirt cent pour cent pur coton. Mais il y a aussi le coton Pima, le coton égyptien et le coton Supima. Ces fibres sont réputées pour leur douceur, leur durabilité et leur respirabilité, ce qui leur offre un confort inégalé. Certains T-shirts haut de gamme sont également confectionnés avec de la soie ou de cachemire, pour un fini ultra luxe.

Dans la série « The Bear », le personnage incarné par Jeremy Allen White, un jeune chef cuisinier auréolé de prix, porte dans de nombreuses scènes des T-shirts blancs impeccables. Le département des costumes a habillé White avec deux marques : Menz B Schwann, allemande, et Whitesville, autrefois fabriquée aux États-Unis par le légendaire détaillant Montgomery Ward, mais maintenant confectionnée au Japon sous license, y compris le graphisme rétro sur les emballages et les étiquettes. Pas de ‘deadstock’ ici!

Ce qui rend ces T-shirts si uniques sont les machines (toutes vintage) qui tricotent un tube de tissu, de sorte que les T-shirts sont sans couture sur les côtés. Une seule taille peut être confectionnée à la fois, ce qui en fait un processus lent et complexe avec une capacité de production limitée. Ces machines à tricoter ont été progressivement éliminées au cours des dernières décennies, ce qui crée encore plus de rareté.

En comparaison, les machines actuelles produisent un textile très rapidement qu’il faut ensuite couper selon la taille souhaitée; et bienvenue les coutures irrégulières qui tiraillent de partout. On a tous été victimes de cet abominable défaut de fabrication.

C’est dans les détails aussi qu’on remarque un T-shirt haut de gamme. Par exemple, les surpiqûres sur les cols prennent plus de temps à faire, mais résistent mieux à l’usure. Comme les coutures supplémentaires sur l’épaule, qui rendent le vêtement plus fort et durable, mais prennent également plus de temps à produire.

Cependant, ce raffinement dans les détails et un design réfléchi apportent plus de plaisir et font en sorte qu’on portera plus souvent ce vêtement. Dans cette optique, le coût par utilisation devient plus important que le prix payé. Avec l’hégémonie de la ‘fast fashion’, ça fait du bien savoir que quelque chose d’aussi simple qu’un T-shirt blanc peut faire une telle différence.

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Des T-shirts qu’on adore

T-shirt Gildan Soft Spun Junior : Le T-shirt le mois cher et le plus beau sur le marché! Descend bien bas sur les hanches, dissimulant habilement tout bourrelet, mais est assez cintré pour rehausser les courbes. Peut se trouver en paquets à moins de 5 $CAN l’unité.

Skims : Ce haut second peau contient 10 pour cent d’élasthanne et un devant plus long pour un ajustement parfait qui ne s’enroule pas sur lui-même. Tricot super doux et très stretch pour un look sans couture. Disponible dans un arc-en-ciel de magnifiques nuances.

Petit Bateau : la quintessence du T-shirt français pour des générations, cette marque est reconnue pour son confort et son élasticité grâce à un style ajusté et son encolure légèrement arrondie, tandis que les emmanchures sont étroites et la longueur de la manche parfaite.