Est-ce que le ‘loud budgeting’ serait le nouveau luxe discret?

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Il existe un mythe absurde selon lequel, si on est prudent avec ses finances, les vêtements qu’on porte vont ressembler à un ramassis de textiles miteux rescapés d’une poubelle de l’Armée du Salut et que le style qu’on a est, non seulement approximatif, mais de mauvais goût. Essentiellement, on est un véritable cauchemar mode ambulant.

De l’autre côté du pendule dans cette fiction hilarante se retrouvent les dix pour cent hyper riches — non, plutôt les VIC (« very important customers ») ou EIC (« extremely important customers »), car bien qu’ils ne représentent que deux pour cent du total de la clientèle, ils génèrent environ 40 % du chiffre d’affaires des marques de luxe – qui dépensent sans compter pour des articles ultra-chers et sont assurés de devenir instantanément des stars de la mode, peu importe qui ils sont.

Et bien, devinez quoi? Aucune de ces deux idées préconçues ne dit vrai. Car des zones grises, il y en a beaucoup.

Premièrement, dépenser intelligemment son argent durement gagné (en l’absence flagrante de généreux dividendes, dans le futur) ne veut pas dire qu’on aura l’air d’une itinérante tout droit sortie d’un roman de Dickens. De même, le fait d’être super riche n’élève personne instantanément au rang de celles ayant un goût exquis, stylée en permanence comme pour un photoshoot de Vogue.

Non.

La mode, ça veut dire porter des vêtements et des accessoires rehaussés par une jolie mise en beauté, en exprimant à fond qui on est. «C’est quelque chose qui se passe à l’extérieur qui sous-entend un intérieur intéressant», explique Rachel Tashjian, rédactrice mode au Washington Post.

Alors, peu importe l’endroit où l’on se procure ces articles, c’est qui on est intrinsèquement, dans son âme, qui transparaît à travers le filtre magique de la mode.

Avec l’incertitude économique qui persiste (et qui pourrait même mettre en péril tous les budgets), le ‘loud budgeting’ deviendra-t-il une nécessité en 2024? Le concept a été lancé par Lukas Battle, un créateur de contenu TikTok, qui l’expliquait à ses abonnées en décembre 2023. «Le ‘loud budgeting’ est un nouveau concept que je présente pour 2024», annonçait-il dans une vidéo qui a été vue plus de 1,5 million de fois jusqu’à maintenant. Et ça n’a rien à voir avec ‘je n’ai pas assez d’argent’, mais c’est plutôt ‘je ne veux pas dépenser.’»

La différence, c’est qu’on est 100 pour cent en contrôle d’un comportement économe. Et, selon lui, les riches détestent dépenser. «C’est donc presque plus chic, plus stylé, pour se montrer.»

Et maintenant, on traduit tout ça comment en mode et beauté?

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Le style à petit prix

Si on se souvient du ‘girl math’, le mot-clic hyper populaire de l’année dernière pour trouver des moyens humoristiques, mais douteux, il était là pour valider certains comportements que, nous, les femmes trouvons pour justifier une dépense extravagante, voire inutile. (« J’ai vraiment BESOIN de ces bottes pour promener mon chien ! ») C’était à l’époque parce qu’on ne vit qu’une fois.

Mais un an plus tard, en 2024, la consommation à outrance est désormais mal vue, et la désinfluence est un phénomène réel sur TikTok (en gros, les créateurs encouragent les gens à ne pas acheter de produits qui sont super populaires en ligne), et être économe est devenu vraiment cool.

Bien sûr, on a tous entendu parler du concept “magasiner dans sa garde-robe” et si on a pris l’habitude d’acheter un peu trop de pièces, un peu trop souvent, pour combler certaines carences existentielles (on ne les connaît que trop bien…), on finira par être surprise des trouvailles qu’on peut faire en s’exclamant, parfois à un rythme alarmant : «Oh wow, c’est tellement joli ! Je ne savais même pas que j’avais ça… (glisser le nom de l’objet en question ici)» «Oh, mon Dieu, trois corsets! Mais comment ça se fait?» «Tellement de baskets !»

Le ‘loud budgeting’ est un changement culturel bienvenu pour contrecarrer la consommation ostentatoire qu’on connaît depuis des décennies. Notre système économique dépend de la cadence accélérée à laquelle défilent les tendances et le crédit, plus accessible que jamais grâce aux programmes « achetez maintenant, payez plus tard ». La surconsommation n’a pas seulement pour effet de saper l’épargne, elle a aussi des conséquences graves, notamment sur l’environnement. Mais ça, c’est une autre histoire.

Dans le cas où vous n’auriez pas consommé à outrance dernièrement, et que vous avez toujours été sage dans vos achats, voici quelques conseils que nous sommes heureux de partager sur la façon de dénicher les meilleures trouvailles dans une friperie, chez Renaissance ou Le Chaînon.

  • Vérifier les étiquettes et le contenu des fibres, si elles encore sont attachées au vêtement. Elles vous donneront une indication de la qualité de l’article et la marque. On connaît les bonnes…
  • Privilégier les tissus naturels, car ils sont souvent un gage de bonne qualité: soie, cachemire, laine mérinos, lin, coton sergé…
  • Éviter d’acheter des T-shirts et des articles en velours d’occasion, car les couleurs s’estompent sur le jersey et les tissus comme le velours montrent souvent des signes d’usure au niveau des coudes et des genoux.
  • Les robes de soirée sont toujours d’excellentes trouvailles, car généralement elles ont été moins portées que les vêtements de tous les jours.
  • Si on voit un manteau ou une veste en vraie fourrure, on l’achète immédiatement! De plus, la fourrure naturelle fait un retour en force (oh my, du vison!) avec l’esthétique ‘mob wife’ et l’opulence des années 90 qui sont de nouveau à l’honneur.
  • Penser au shopping vintage comme une façon de marier l’ultra-abordable à des articles de luxe qu’on possède déjà. Quelques exemples : une trouvaille en lin avec des mocassins en daim classiques d’une marque prestige, ou un jean à jambes droites porté avec une veste classique de velours vert, ou même un chemisier ample des années 80 à imprimé graffiti accessoirisée de multiples chaînes en or ornées de pendentifs.
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Stratégies beauté à prix futé

En ce qui concerne les soins beauté, plusieurs stratégies peuvent être implantées pour minimiser les dépenses tout en ayant un look enviable. Mais des changements drastiques devront être implantés.

Tout d’abord, on oublie les crèmes ou sérums anti-âge. La raison: ils ne font rien.

La seule chose que ces potions mystérieuses et onéreuses peuvent offrir est de l’hydratation à prix d’or. Avec, bien sûr, un délicieux parfum, un magnifique flacon et un emballage avec les palettes de couleurs et le style de l’heure.

Oui, même les marques prestige comme Dior, Lancôme, La Mer, Guerlain, etc., ne peuvent vraiment tenir toutes leurs promesses (pour la plupart vides). On lit donc attentivement les plus petits caractères des protocoles d’études des soins. Certains sont si bien écrits qu’on pourrait jurer qu’ils tiennent du miracle épidermique, mais la plupart du temps il ne s’agit que de marketing sirupeux et d’acrobaties linguistiques. En fait, certaines de ces grandes marques ont des départements exclusivement consacrés aux communications avec les consommateurs afin de s’assurer que le message est bien articulé pour qu’on croie aveuglément au mythe. On aime tous les contes de fées…

Que faire alors?

Choisir une huile pour le visage de bonne qualité, comme l’huile de soin pour le visage à orchidée bleue de Clarins, qu’on applique en tandem avec une crème hydratante toute simple formulée avec de l’acide hyaluronique (le meilleur qualité prix: CeraVe) pour usage quotidien. Le portefeuille ne s’en portera que mieux. Et on n’oublie jamais le filtre solaire pour tous les jours. C’est le meilleur investissement qu’on peut offrir à son visage.

Si on veut des résultats probants pour un visage visiblement rajeuni, rebondi et repulpé, mieux vaut se tourner vers les agents de comblement, neurotoxines et traitements anti-âge performants comme le laser, Morpheus8 ou Sculptra. Il s’agit alors de choisir une clinique avec des experts accrédités dans le domaine de l’esthétique médicale.

Toujours se rappeler qu’il n’y a jamais ‘deals’ en matière de santé et de beauté.

Malgré leur usage ultra-démocratisé («le Botox, c’est un peu comme du maquillage»), les agents de comblement et la plupart des traitements anti-âge en clinique sont administrés par injection, canule, ou tout autre équipement à la fine pointe; des actes médicaux sophistiqués nécessitant une formation accréditée et une connaissance approfondie de la morphologie du visage. À Montréal, on adore l’accueil et le professionnalisme de toute l’équipe chez Face MD, en particulier l’infirmière Lydia pour ses doigts de fée et connaissances approfondies en beauté.

Alors, prête à mettre en pratique toutes les nouvelles stratégies de ‘loud budgeting’ en mode et beauté? On y va à fond. Après tout, rien n’est plus beau que la stabilité financière sur soi.

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