C’est au cours de l’été chaud et sensuel de 1946 que Louis Réard, ingénieur visionnaire français (un homme, quelle surprise…), créa ce qui allait redéfinir à jamais la tenue de plage. Inspiré par le minuscule atoll de Bikini, dans l’océan Pacifique, où des tonnes de bombes atomiques venaient d’être testées, il a appelé sa création ultra-minimaliste « bikini ». Une bombe venait d’exploser.
Malgré les mesures de guerre restrictives aux États-Unis concernant la quantité de tissu permise pour produire un maillot, qui conduisirent les fabricants à créer le deux-pièces, le minuscule bikini créé en France était trop extrême. Réard était en avance sur son temps d’environ 15 à 20 ans. Seules les femmes européennes avant-gardistes l’adoptèrent. C’est ainsi que Cannes et la Côte d’Azur sont devenues les terrains de jeu de prédilection pour les tenues les plus osées.
Depuis, le raz-de-marée provoqué par l’explosion du bikini a évolué au fil des décennies, se transformant, révélant et cachant tour à tour les zones érogènes selon les goûts de la société et du moment.
Retracer la Révolution
Dans les années 50, le bikini typique taille haute avec le soutien-gorge conique faisait son apparition (oui, des décennies avant que Jean-Paul Gaultier habille Madonna avec ses modèles en satin et velours à bonnets torpille), reflétant le goût du jour pour des courbes exagérées qui seraient également immortalisées dans certains designs industriels de l’époque, comme les ailerons et les phares de voiture. Les stars comme Marilyn Monroe et Brigitte Bardot ont aidé à propulser le bikini dans les hautes sphères d’objet mode culte, l’immortalisant à l’écran et dans les pages glacées des magazines de cinéma.
Les années 1960 ont été le théâtre d’un clivage culturel profond dans de nombreux pays occidentaux, engendrant un mouvement marqué par la rébellion et le changement radical. Ce qui a déclenché, en retour, le mouvement des droits civils, des percées technologiques et scientifiques, et le retour à une expression artistique plus crue. Le bikini est ainsi devenu un symbole de libération et de contre-culture. Le deux-pièces s’est miniaturisé, audacieusement porté bas sur les hanches en dévoilant plus de peau, avec des bonnets réduits pour exposer davantage la rondeur des seins.
Au début des années 70, la révolution sexuelle se faufile jusque dans la mode des maillots avec l’apparition des bikinis à ficelle associés à des hauts en triangle. La culture de plage brésilienne, caractérisée par ses palettes de couleurs pimpantes et saturées ainsi que ses imprimés kaléidoscopiques, fait tranquillement sa place dans les destinations vacances d’un peu partout dans le monde, présentant du même coup la culotte tanga. Ce bas de bikini à taille réduite qui dévoile drastiquement les fesses. D’autre part, les avancées techniques de l’industrie textile permettent un ajustement de plus en plus précis grâce à une meilleure élasticité avec l’utilisation répandue du spandex (d’ailleurs le nom est un anagramme du mot « expands », qui signifie « s’étirer »).
Avec l’arrivée des années 80, la danse aérobique fait une percée et le look athlétique émerge dans la pop culture. Un mode de vie axé sur la mise en forme devient une tendance ultra-importante. Il va de soi que le vêtement, y compris les tenues de plage, reflète ce changement de mentalité où l’activité physique prend de plus en plus de place. Les maillots se portent ultra-échancrés avec des décolletés vertigineux pour allonger une silhouette affinée. On veut un corps tonique et sculpté. En retour, les bikinis sont de plus en plus petits. Les strings font une timide première apparition sur les plages et les piscines d’un peu partout en Amérique du Nord, reflétant l’importance accordée par la décennie au corps et aux résultats obtenus par la mise en forme. («Sentez comme ça brûle», comme dirait Jane Fonda à ses millions de fans dans ses vidéos d’entraînement).
Au tournant des années 1990 et 2000, les designers de maillots sont devenus beaucoup plus créatifs, travaillant avec de nouvelles matières et ornements inédits. Beaucoup de tissus métalliques, d’imprimés animaliers et de silhouettes asymétriques cristallisant l’exubérance de cette époque, se retrouvent ainsi sur les plages.
Et maintenant qu’on est en plein dans le 21e siècle, le bikini a dépassé le stade de simple tenue rebelle pour être beaucoup plus inclusif et célébrer tous les types de morphologie. Les griffes bien établies et le flot apparemment infini de nouvelles marques (merci Instagram!) ont adopté l’état d’esprit « c’est fashion, mais c’est moi», en proposant une multitude de designs, coupes, tissus, imprimés et détails décoratifs (ou non!), offrant littéralement des milliers de styles de maillots à la fois innovateurs et plus classiques, pour passer des modèles plus couvrants à ceux où l’on est presque nu.
Bikinis: nouveautés pour l’été 2023
Avant de se lancer dans un piège à séduction élaboré sur les réseaux sociaux, jetons un coup d’œil aux coupes et styles de bikinis pour l’été 2023, en commençant par ce qui a été présenté à la Miami Swim Week, où tout ce qui touche de près ou de loin à la mode balnéaire se déroule. C’est comme la haute couture. Mais pour la plage. Ou la piscine.
On garde en tête les trois thématiques qui vont émerger et continuer à évoluer tout au long de l’année.
L’un des plus grands événements internationaux consacrés à la mode balnéaire, qui vient de se terminer fin juin, a présenté une multitude de magnifiques maillots et tenues de plage rehaussés par d’amples volants, des strings taille haute, en passant par les looks inspirés des tendances coup de coeur de l’année : rose « Barbiecore » , palette de métallisés « Renaissance » (pour s’harmoniser aux costumes de la tournée de Beyoncé) et même des superpositions Y2K, avec des jupes et des robes. Non, ce n’est pas inhabituel. L’année dernière, on a vu de longs gants d’opéra portés avec des bikinis. En fait, les tenues de plage intègrent désormais beaucoup d’éléments de mode urbaine et de tenues de soirée pour parader et faire la fête sur tous les plans d’eau.
La tendance de la transparence, très présente sur les tapis rouges ces deux dernières années avec les « robes nues », se fraie un passage sur la plage. Ici, on la voit avec les bikinis scintillants taille réduite au maximum avec la culotte très échancrée et froncée, assortie au haut triangle. Le tout magnifié par un paréo ou une robe de plage en tissu scintillant transparent. Un look peut-être de mise pour un party piscine plus chic — si on veut oser!
Même si les motifs à fleurs ne sont pas nouveaux, on les a vus à Miami en format plus grand et plus coloré que jamais: imposants, impressionnants, mais aussi en alternance avec des imprimés plus délicats. Ces maillots à bouquets de jolies fleurs donnent un beau coup d’éclat à n’importe quelle journée de plage; même lors d’un été québécois sous alerte smog.
Puisque la tendance du fitness et du sport continuent sur leur lancée, on s’attend à ce que leur influence déferle encore sur les tenues de plage, et en particulier sur les bikinis pour l’été 2023. Les tissus sont unis et très techniques, avec de nombreux modèles en néoprène assortis de larges fermetures éclair en plastique de couleur contrastante. On veut de la performance à tout prix et un effet seconde peau. Dans le même esprit, mais avec une touche plus luxe, les bikinis en velours comme ceux de la marque d’ici Hoaka Swimwear (également en néoprène) sont une belle alternative aux modèles habituellement brillants.
Et toi, tu choisis quoi? Le thongkini hyper minimaliste style L.A., le deux-pièces à bustier bronze taille haute, ou le bikini à volants et manches ? Peu importe ce qu’on aime, les maillots offrent une panoplie d’options en termes de couvrance et d’effets décoratifs. Et juste avec ça, il y a de quoi passer un été magnifique!
